Les adaptations Netflix d’animes font généralement office de moqueries et ça n’est pas l’annonce de celle de One Piece qui m’avait rassuré à l’époque. J’ai encore en mémoire le souvenir douloureux de Dragon Ball Evolution il y a quelques années, et les mois de thérapie n’y ont rien fait … c’était nul, moche, peu inspiré et surtout irrespectueux de l’œuvre de base. En bref, rien à garder.

Avant mise en place sur la plateforme, la proposition de Netflix semblait tirer les leçons de ses prédécesseurs : supervision par le mangaka Eiichiro Oda, acteurs fans de l’univers, effets spéciaux au goût du jour, même les retours des avants-premières semblaient positifs. Mais attention à l’excès d’optimisme, ce One Piece est-il bien le Graal que nous attendions tous, enfin là pour rendre hommage à l’un des plus grands mangas de tous les temps ? Et bien en partie, oui !

Je vais tout d’abord répondre à une question qui m’a été posé plusieurs fois : oui, il est possible de voir, et certainement d’apprécier, la série même si on n’a jamais lu le manga. Par contre, vous allez passer à côté de mille-et-une références directes ou indirectes à l’œuvre. Et je dis indirectes car Netflix a pris des libertés sur la trame, que ce soit chronologiquement ou géographiquement.

Cette saison 1 va jusqu’à Arlong Park. Ainsi, vous aurez la lecture des événements du départ de Luffy de son île natale, les échanges avec Shanks, le recrutement souvent imprévu de membres d’équipage et bien sûr des affrontements avec certains noms de la piraterie mais aussi de la marine tels que Kuro, Morgan ou encore Baggy.

Je n’en dévoilerai pas davantage car il s’agit d’une première saison et que beaucoup découvrent. Ce qu’il faut retenir est qu’il s’agit d’une grande aventure de piraterie, où un gamin un peu trop audacieux mais très optimiste va se faire une place parmi les plus grands à la force de ses poings et à l’aide du soutien de ses camarades d’aventure.

Un esprit shonen qu’il me paraissait difficile de retranscrire en série mais qui réussit tout de même le tour de force tout en créant une identité propre. Ben oui, un live-action étant ce qu’il est, il reste délicat d’animer un personnage censé être élastique ou encore faire apparaitre de manière crédible des hommes-poissons. Face à cela j’ai parfois été gêné, parfois été satisfait. L’engouement n’est pas total sur les effets spéciaux mais la puissance de la série est ailleurs.

En effet, l’une des grandes forces en présence est notamment la qualité du casting. Le héros, même s’il est en chaussures et pas en tongs et avec du poil aux bras, retranscrit bien le caractère si singulier de Luffy. Les visages de Zoro, Usopp, Sanji et Nami sont également très talentueux et on apprend rapidement à les apprécier autant que les personnages dont ils sont issus. Par ailleurs, mention particulière à Baggy où on ressent bien le caractère mi-cinglé mi-sérieux du personnage lors des scènes où il apparait : clairement mon préféré de cette saison, devant Arlong le gangster.

Les modifications et ajouts de Netflix afin d’enrichir, à mon sens, le récit, sont aussi une réussite. L’introduction de Baroque Works avec Zoro, les raccourcis dans les rencontres Nami/Zoro ou encore le côté « plaque centrale » donné au Baratie dynamise le récit et le tire vers l’avant … ce qui n’est pas un mal vu la taille de l’œuvre de base, toujours en cours actuellement. Ce rythme élimine ainsi l’ennui possible qu’auraient pu offrir certaines longueurs du manga. Un parti pris sur lequel j’abonde, même si à mon sens l’arc Kuro/Usopp aurait pu être raccourci également pour davantage de fluidité.

Bourrée de décisions potentiellement clivantes, cette série One Piece divisera forcément les fans sur sa nature et ses choix, revenant sur l’éternel « Qu’est-ce que l’esprit One Piece ? ». Pour ma part il s’agit d’un réel équilibre entre aventure, humour et baston; et on trouve tout ça ici ! Alors clairement il ne faut pas porter d’œillères, ça n’est pas parfait … et ça ne le sera peut-être jamais, car la série coûte un bras malgré tous les records de visionnage et je me vois mal dans le futur avec des environnements et personnages maniant littéralement les éléments, vivant dans des nuages, etc. Et on connait la capacité de Netflix à tout arrêter en cours de route si ça n’est pas rentable, alors profitons-en tant que ça dure, d’autant plus que la seconde saison est déjà en cours d’écriture 😉