Dahmer

Catégorie : Séries
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Depuis le phénomène qu’avait été Squid Game, j’ai rarement entendu parler d’une série sur Netflix comme c’est le cas avec Dahmer. Pourtant rien ne me prédestinait à un visionnage : le nom ne me parle pas, je ne connais pas le pitch et même si j’adore l’acteur principal, Evan Peters, pour son brio dans la première saison d’American Horror Story, un peu la flemme de me lancer dans une nouvelle série.

Ben oui, 10 épisodes c’est long quand on a peu de temps à consacrer à son temps libre. Et pourtant, motivé par Madame et notre curiosité, on s’y est mis. Et bordel que je ne regrette pas, c’est à la fois l’une des séries les plus dérangeantes que j’ai jamais vu mais également les plus prenantes. Colère, stupeur, dégoût, on passe par beaucoup d’émotions et je dois avouer que certaines scènes sont difficiles à regarder mais malgré tout je vous l’annonce déjà, c’est ma plus grande claque depuis un moment, j’ai a-do-ré.

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D’ailleurs je me rends compte que je parle comme si tout le monde avait déjà vu la série … bon, en 2022 c’est peut-être déjà le cas et beaucoup sont passés à la suivante MAIS pour ceux qui prennent leur temps ou ne suivent pas forcément le sens du vent, voici un rapide synopsis : il s’agit d’un docu-réalité sur Jeffrey Dahmer, un tueur en série américain ayant sévi dans la petite ville de Milwaukee, où il sera surnommé par la suite « le cannibale ».

Je ne vous détaillerai pas les méandres de son histoire car les différents épisodes de la série s’en chargent à merveille, et avec une narration extrêmement intéressante : on est tout de suite confronté au moment où il est arrêté pour assister par la suite à différentes rétrospectives, allant de l’enfance à l’adolescence en passant par des périodes durant lesquelles Dahmer est tout simplement absent afin de s’intéresser davantage à des personnes-clés de son entourage, comme ses parents.

Le côté psychologique est très certainement ce qui m’a fasciné le plus. La construction du monstre et à quel point elle a été facilitée, presque logiquement à mesure que l’on rassemble, nous, spectateur, les éléments ayant permis sa macabre collection. Et les éléments principaux sont clairement l’homophobie mais surtout le racisme présents aux Etats-Unis dans la seconde partie du 20ème siècle.

En effet, Dahmer aurait pu chuter à de tellement nombreuses reprises, mais c’est à croire que l’univers lui a donné les moyens d’atteindre ses fins, des fins qu’il a petit à petit entre-aperçu à mesure que les traumatismes et les frustrations s’accumulaient. Ce cocktail nous est délivré avec une justesse incroyable dans cette série de 10 épisodes et si, bien sûr, rien n’excusera jamais ce qui a été fait, on se rend compte qu’absolument rien n’a été fait non plus pour que cela n’arrive pas, au niveau de l’entourage mais aussi et surtout des autorités.

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La réalisation en elle-même porte son propos. Souvent crue mais jamais dans l’extrême, j’irais même jusqu’à dire qu’il y a une certaine limite dans ce qui est montré. Les atrocités de Dahmer, et surtout sa collecte morbide, sont minorées dans le sens où les détails nous sont souvent épargnés. La suggestion est ainsi forte (c’était peut-être voulu, par ailleurs) et je trouve ça bien de ne pas voir un bol de coucougnettes des tranches de cerveaux pour l’apéro quand il ouvre son frigo.

Par contre, l’ambiance « sale » est lourdement présente, que ce soit dans l’hygiène déplorable de Dahmer ou dans sa façon d’absolument tout faire (ouvrir une canette, manger, boire). L’acteur lui-même, l’excellent Evan Peters, est tellement incroyable dans ce rôle et amplifie encore cette sensation par son jeu, de sa gestuelle à l’intonation de sa voix quand il se veut tantôt bourré, tantôt stone, c’est complètement dingue. Dingue, et effrayant. C’est à se demander s’il sort indemne de tournage pareil …

Dahmer ne sera donc clairement pas à mettre devant toutes les personnes. Certains seront choqués par la réalité historique de ce à quoi on assiste (personnellement, les scènes avec le père et LE PUTAIN D’EPISODE AVEC LE JEUNE HOMME SOURD m’ont tué), d’autres par la patte artistique de la série qui rend difficilement regardables certains passages. Je pense toutefois qu’il serait une erreur pour tout adulte de passer à côté car elle révèle plusieurs réalités que l’on a préféré cacher dans notre passé et même encore actuellement : racisme, homophobie, autant de poisons qui ont mués avec le temps et qu’il faut combattre de toutes nos forces car ils peuvent, avec notre complicité tacite ou notre peur de parfois avoir des discussions difficiles, aider à l’émergence de monstres comme a pu l’être Jeffrey Dahmer. C’est mon interprétation de la série en tant que telle, n’occultant pas la réalité de ce qu’ont pu subir les victimes et leurs familles.

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