Game of Thrones – Saison 8

Catégorie : Séries
game of thrones saison 8 daenerys jon sansa cersei

Certaines séries font l’actualité, que l’on en comprenne l’engouement associé ou non. Indéniablement, Game of Thrones en fait partie avec des saisons qui, pour chacune, ont créé l’événement. Sexe, intrigues politiques, violences, le tout dans un enrobage souvent (très) cru, voici la recette du succès depuis près de 10 ans.

Pourtant, vous n’avez pas pu échapper aux tourments que la saga connait sur sa dernière saison. Les showrunners de la série ayant décidé de n’accorder que 6 épisodes, toutefois plus longs qu’à l’accoutumée, à ce dénouement. Et ce, en opposition avec la proposition d’HBO de leur accorder davantage de budget pour davantage d’épisodes. Fatalement et à la vue des arcs narratifs développés dans cette ultime saison, la pertinence de ce choix se pose. Alors, a-t-on le droit à une conclusion digne de ce nom pour Game of Thrones ?

sansa jon daenerys winterfell

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réponse ne peut être, a priori, manichéenne. Ces 6 épisodes proposent des choix clivant pour beaucoup de personnages et intrigues, parfois entamés depuis plusieurs saisons. Je ne vais pas revenir sur chacun, mais vous donner mon impression sur, selon moi, les grands axes que nous avons pu visionner.

Au début, nous assistons donc à de nombreux rassemblements, avec Winterfell comme quartier général pour la bataille à venir face aux Marcheurs Blancs. Introductifs, plutôt calmes, ces épisodes trainent volontairement en longueur pour instaurer de nouvelles relations et nous faire prendre conscience des enjeux à venir, avec en tête une opposition Daenerys / Jon vis-à-vis de la véritable identité de ce dernier.

Sansa, véritable Dame de Winterfell, tiendra dès la présence de la Mère des Dragons, une position belliqueuse à son encontre qui ne la quittera pas jusqu’à la fin de la saison. Toutefois, l’heure étant aux préparatifs, j’ai pris beaucoup de plaisir à entrevoir défenses et stratégies s’ériger, avec un Bran faisant office d’appât principal face au Roi de la Nuit.

jon daenerys drogon vyserion dragon

Et lors de la bataille de l’épisode 3, tant attendue, le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas été déçu ! Beaucoup l’ont été, mais personnellement j’ai pris un pied de fou. Alors certes l’éclairage n’était pas fantastique, mais l’idée que le Roi amène la Nuit et le Froid avec lui était géniale. Oui les Dothrakis se sont fait dé-fon-cés, mais au service d’une charge visuellement exceptionnelle, et voir les flammes allumées par Mélisandre s’éteindre au fur et à mesure faisait grandir un désespoir grondant. Oui les personnages principaux auraient dû mourir 10x, mais quelle mise en scène pour ceux qui l’ont vraiment été, les Mormonts en tête.

L’esthétisme était au cœur de cet épisode, et ce malgré une distribution catastrophique d’OCS qui a enchainé freezes et coupure. Les combats à dos de dragons où Jon et Daenerys ont affronté ensemble le Roi de la Nuit étaient fantastiques, vraiment sublimes. Les séquences calmes n’ont pas été en reste avec, me concernant, un point d’orgue concernant Arya et la scène dont elle dispose dans la bibliothèque. A ce moment très précis, on ressent via le jeu d’actrice la terreur régnant dans Winterfell : les Morts ont pénétré l’enceinte du château et la vague blanche semble inarrêtable. Le Roi résiste au feu de Drogon et ceux tombés au combat se lèvent, faisant grandir l’armée adverse.

Après une exceptionnelle scène de bravoure durant laquelle Theon finit de se racheter une affiliation auprès des Stark en défendant Bran au péril de sa vie, Arya surgit alors, au moment où tout semble perdu. Mais là encore, la tension est à son comble lorsque le Roi de la Nuit contre l’embuscade nocturne. Celui-ci prend alors le dessus en stoppant le coup de dague qui lui était destiné mais à l’aide d’un mouvement d’une fluidité exemplaire, la cadette des Stark l’achève, détruisant ainsi en cascade l’armée des Morts.

Alors oui ce saut d’Arya venait de nul part, certes nous n’avons vu combattre aucun des pourtant nombreux lieutenants du Roi de la Nuit, et non cet arc narratif tissé depuis la saison 1 n’aura pas davantage de développement. Mais pour ma part, j’ai été incroyablement satisfait du rôle d’Arya. Ce personnage de qui on ne donnait pas grand chose à l’origine, mais qui petit à petit dans sa quête de revanche, avait déjà parfait son statut d’assassin depuis la saison précédente. La voir ainsi conclure le game des Marcheurs Blancs, j’étais franchement comme un fou, fier d’elle comme si j’avais enfoncé la dague moi-même. Punaise, quelle mise en scène !

arya night king roi de la nuit winterfell

Et si le dénouement de cette intrigue était très attendu, celui de l’avenir de Port-Réal l’est également. Toutefois, la Bataille de Winterfell a laissé des traces et il est de bon ton de la part des leaders de célébrer cette coûteuse victoire dans un repas dantesque, durant lequel Jon sera clairement en avant avec ses nombreux soutiens naturels, offrant un terrible contraste pour Daenerys, isolée plus que jamais. J’ai réellement passé l’épisode à souffrir pour elle, tellement son isolement était pesant.

Sa situation ne s’arrangera d’ailleurs pas lors du concert de guerre : Sansa préfère laisser reposer ses troupes avant l’affrontement final face à Cersei alors que la Reine des Dragons préfère, elle, partir au plus tôt. Cela donnera lieu à l’une scène les plus brutales de la saison, la mort de Rhaegal par la flotte de Euron Greyjoy en embuscade. Pire encore, Missandé est capturée et l’ambiance est bien morose à Peyredragon. On ne le comprend pas encore, mais clairement ces événements expliquent en grande partie ce qui va suivre. Et quand Cersei refuse l’ultime et utopique tentative de Tyrion pour épargner troupes et population locale en exécutant Missandé sous les yeux de Daenerys, s’en est trop.

Si beaucoup ont été étonné de la boucherie de l’épisode 5, tout y amenait pourtant. Alors bien sûr, j’aurais apprécié voir des affrontements terrestres équilibrés entre les troupes du Nord et d’Essos face à la Compagnie Dorée et aux soldats de Port-Réal. Mais le massacre opéré était presque poétique, vraiment … beau : l’horreur de la guerre dans toute sa splendeur. Le début des hostilités avec un duo Daenerys/Drogon impitoyable, détruisant les balistes Scorpions et les troupes postées au sol. Viennent alors des scènes en huit clos durant lesquelles Jon se fait le représentant du spectateur, impuissant face au déversement de violence des soldats envahisseurs, violant femmes et tuant les enfants sans égard.

Puis vint le moment d’une intensité dingue, celui où Daenerys est confrontée à elle-même lorsque les cloches de la ville sonnent, signe de reddition. On ressent, lors de ses quelques secondes de flottement, toute la merde qui lui est arrivée dernièrement, toutes les pertes qu’elle a subit et l’ampleur de sa rage est telle qu’elle basculera alors finalement dans la folie meurtrière qu’elle avait pourtant fait tant d’efforts pour cacher ces dernières saisons. Un revirement bien légitime à mon sens qui donne enfin la toute puissance de cette créature mystique qu’est le dragon dans cette série. L’affrontement est unilatéral certes, mais punaise qu’il est justifié. En parallèle de très belles scènes sont données à des personnages mineurs, ma préférence allant au duo Clegane/Arya durant lequel cette dernière dit au revoir au Limier d’un « Sandor » bouleversant …

daenerys port real king landing

Enfin, le final. Ambiance glaciale, d’un totalitarisme à faire froid dans le dos. Encore une fois l’esthétisme de l’épisode 6 est folle et jusqu’ici j’ai réellement été ravi de presque toutes les propositions faites par la série, scénaristiquement parlant. Comment allait-on déloger Daenerys du trône sur lequel elle s’est installée ? Comment vaincre Drogon ? Les Immaculés ainsi que les Dothrakis ? Tant de possibilités … et pourtant, pour la première fois, j’ai été un peu déçu de la tournure, rapide, des événements.

En effet, Jon tue Daenerys, pouf, et voilà. Après une début d’épisode d’une longueur assez affolante durant lequel le Roi du Nord répète son mantra « She’s my Queen » contre vents et marées, c’est la discussion qu’il aurait avec sa tante et amante qui lui fera prendre conscience qu’elle basculé (oui, le massacre de dizaines de milliers de personnes juste avant ne suffisait pas …). Et même si en soit ce fait ne me choque pas, c’est la suite qui me dérange : Drogon pète un plomb sur le Trône de Fer, donnant lieu à une nouvelle scène visuellement très réussie, mais une ellipse de plusieurs semaines y fait suite, omettant un peu trop facilement les conséquences que cela peut avoir sur les forces en présence.

Mais puisque d’un claquement de doigt Jon s’est fait capturer par Ver Gris et que celui-ci ainsi que les Dothrakis ont dû se rendre gentillement aux maigres forces du Nord en place, ce qui est pour moi la dernière séquence débute : l’élection d’un nouveau dirigeant pour Westeros. Alors là encore je vais omettre pas mal de choses car cet article est déjà assez long, comme l’amour propre de Lord Tully ou les dialogues extraordinaires du nouveau Prince de Dornes pour me consacrer à Bran, le nouveau Roi.

C’est n’im-por-teuh-quoi. Sérieusement et même en s’efforçant de comprendre ce choix, comment tous les seigneurs en place omettent ils le fait que celui qu’ils sont en train d’élire si aisément avait déjà vu le massacre de Port-Réal, mais n’a rien fait pour altérer le cour des choses ? Si son propre peuple doit être sacrifié pour X grande cause, il laissera faire … et ben, ça c’est du leadership ya pas à dire. Et puis dans ma tête, Bran avait toujours ce statut d’être supérieur, « trop » fort et donc en dehors de toute intrigue, ou si peu. Vous voyez, c’est comme un Beerus dans Dragon Ball ou Captain Marvel dans Endgame, ils ne doivent pas intervenir trop car ils sont … « trop ». Enfin bref, mon propos est un peu nébuleux à expliquer à l’écrit, mais j’espère que vous l’aurez compris.

Voilà, au final et me concernant, cette ultime saison de Game of Thrones a uniquement loupé son final. C’est dommage car quand on regarde de pourtant excellentes séries comme Dexter ou Lost, c’est malgré tout ce que l’on retient avec le temps. Je m’efforcerai toutefois de me remémorer l’epicness constante des épisodes proposés, que le contenu soit calme ou soutenu. Cela me rappelle certains passages décriés de The Walking Dead se concentrant parfois sur les personnages en approfondissant leur psychologie : j’ai retrouvé cette sensation ici, notamment dans les dernières minutes, et j’ai vraiment apprécié. Arya l’exploratrice, Sansa Reine du Nord ou encore Brienne en cheffe de la Garde Royale, c’était grave cool. Alors allez, passés quelques désagréments, et si on décidait vous et moi de dire que malgré tout, Game of Thrones dans son ensemble s’inscrit malgré tout au panthéon des séries ou pas ? Dites moi ce que vous en avez pensé 😉

Article précédent Article suivant

1 commentaire

  • Répondre Shayann

    Salut !
    Je viens enfin de trouver le temps de parcourir ton article que j’attendais pourtant de pied ferme 😀
    Déjà, je me permettrai de te féliciter car il n’y a pas si longtemps, pour combler l’attente, j’ai relu toutes tes critiques GoT sur ton blog et je suis agréablement surprise par la qualité de ce dernier. Je trouve ton analyse plus construite, plus mature, plus approfondie.

    Pour en revenir à la critique de la dernière saison, je te rejoins sur le fait que je l’ai bien aimée, et avec le recul, la série dans son ensemble. Comme tu dis, elle mérite sa place au panthéon des séries mythiques, et sera probablement considérée comme la représentante de son genre pendant un moment.

    Au fil des saison, nous avons dû faire le deuil de nombreux de nos personnages favoris, tout autant que nous avons profité à un niveau limite cathartique de la disparition de nos antagonistes préférés. Mais je dois dire que voir mes trois personnages fétiches traverser ces 8 saisons et arriver (presque tous) jusqu’à la fin, donne un sentiment de victoire. Pour moi, il s’agissait de Tyrion, Arya et Daenerys. Pour les deux premiers, je suis extrêmement satisfaite de leur évolution et du traitement qui leur a été accordé tout au long des péripéties. Je trouve que ce sont deux personnages qui sont vraiment restés fidèles à eux-mêmes. Tyrion est resté ce personnage extrêmement intelligent mais humain et peut-être naïf, voulant toujours accorder le bénéficie du doute. Il a toujours travaillé dans le sens d’un monde meilleur, au-delà de ses ambitions personnelles. Même chose pour Arya, cette jeune fille indépendante qui ne rentre pas dans le moule d’une lady. L’occasion de satisfaire aux codes de l’époque, de son genre et de sa condition lui a pourtant été présentée mais elle est restée libre et rebelle jusqu’au bout.
    Le cas de Daenerys est moins simple. Dès les premiers instants de la série, elle a immédiatement été mon personnage préféré, et elle faisait partie de ceux que je voulais le plus voir conquérir le Trône de Fer. Mais la révélation de la véritable identité de Jon Snow a tout bouleversé pour elle, et en elle. La voir s’accrocher à tout prix au pouvoir, faire preuve d’autoritarisme plus que d’autorité, et sombrer dans cette folie qu’elle clamait ne pas avoir hérité de son père m’a vraiment déçu. Je me faisais peut-être une idée plus vertueuse d’elle qu’elle ne l’était en réalité. Pour moi, son ascension au pouvoir était une fatalité qu’elle avait acceptée mais pas spécialement voulue. Elle n’avait jamais choisi d’être couronnée Khaleesi, de devenir la dernière des Targaryen, la Mère des Dragons, ou encore la Briseuse de Chaînes, mais ce fut le cas. Et jusqu’à la saison 7, elle était réellement la meilleure alternative légitime au pouvoir. Et si elle avait été vertueuse jusqu’au bout, elle aurait dû reconnaître Jon Snow pour ce qu’il était : son roi. Il avait toutes les qualités pour siéger sur le Trône car il était animé de la même compassion, du même sens du devoir et de la justice. Bref, pour la première fois devant GoT, j’ai voulu voir mourir un de mes personnages favoris, et mon vœu a été exaucé.

    Il est difficile de parler de la saison finale de Game of Thrones sans s’attarder sur le couple Jaime / Cersei. Eux aussi sont des personnages emblématiques de la série, et des personnages très intéressants. Contrairement à certains personnages que l’on range facilement dans la catégorie des « gentils » ou des « méchants », ceux-là étaient plus nuancés, et surfaient souvent avec la limite qui les faisaient basculer d’un côté ou de l’autre. Cependant, je pense que Cerseil avait un pied fermement ancré du côté « obscur », car elle était dévorée d’ambition, de désir de vengeance souvent aveugle, tandis que Jaime aurait probablement appartenu au clan des gentils, s’il n’avait eu se cesse de retourner vers sa Reine qui l’attirait irrémédiablement dans le clan des ennemis. Ils auront finalement eu le destin qu’ils méritaient, et ont même su s’attirer la pitié et la compassion du téléspectateur, au travers de Tyrion notamment.

    Finalement, ce qui m’aura déçu dans cette saison, c’est la précipitation des événements majeurs qui auraient peut-être mérité plus d’attention. Au fil des dernières saisons, on nous promettait l’arrivée de l’Hiver avec les Marcheurs Blancs, fléau bien plus catastrophique que les guéguerres de familles pour le Trône, aussi je pensais que l’affrontement des vivants contre les morts serait la bataille ultime de Westeros. Mais que nenni, malgré un épisode palpitant avec quelques scènes poignantes (Ser Jorah, Theon, les Dothrakis…) et épiques (Arya !), la page était tournée plus rapidement qu’il n’en faut pour dire « Dracarys ».

    Enfin, le dénouement final : le nouveau monarque de Westeros. Je suis entièrement d’accord avec ce que tu dis de Bran : je le voyais moi aussi comme un « super être », au-dessus de toute intrigue. Il le répétait d’ailleurs : « Je ne suis pas le Seigneur de Winterfell, je suis la Corneille à trois yeux ». Peut-être que c’était sa parade pour refuser le statut, sachant déjà ce qui l’attendait réellement… mais alors ça lui prête des motifs un peu égoïstes je trouve. J’aurais aimé le voir devenir cette sorte de Chaman omniscient qui serait un peu l’âme de Westeros, pas sa tête.

    Pour finir, j’aimerais souligner que la série a commencé par être très dure avec la maison Stark en général, et au contraire plutôt clémente avec les Lannister. Mais à la fin, lorsqu’on compte les points, c’est tout l’inverse qu’on constate.

    Voilà, je crois que j’ai bien fait le tour de ce que je pensais de cette saison, et de la série en général, merci de me donner l’occasion de m’exprimer 😀 J’espère que ce n’était pas trop long 😉

    7 juin 2019 at 17 h 38 min
  • Répondre à ShayannAnnuler la réponse.