12 Years a Slave, quand l’Histoire donne une claque

Catégorie : Cinéma

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Meilleur film dramatique aux Golden Globes 2014, faisant office de favori aux Oscars en Mars prochain, 12 Years a Slave fait parler de lui depuis un moment, non pas qu’il s’agisse du nouveau block-buster américain de l’année, mais bien parce qu’il s’agit d’un film à vocation historique.

Comme son nom l’indique, il est traité ici la période de l’Histoire durant laquelle l’esclavage était monnaie courante, durant laquelle le « Blanc » était naturellement supérieur au « Noir », parce que c’était comme ça. Si comme moi vous êtes assez curieux pour aller le voir, vous en sortirez scotchés devant cette coutume qui était alors considérée comme normale.

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Le récit début donc en 1841, quelques dizaines d’années avant la guerre de Sécession, quand un père de famille afro-américain, Solomon Northup, vit tranquillement avec femme et enfants de ses talents de violoniste et de ses compétences en tant que charpentier.

Mais à cette époque les noirs étaient plus considérés comme une main d’oeuvre bon marché que pour leur intellect. C’est alors qu’il va lui arriver quelque chose, suite à quoi il va redescendre jusqu’au plus bas niveau de l’échelle humaine et acquérir un nouveau statut, celui d’esclave.

La scène est en place et à partir de ce moment les séquences fortes vont s’enchaîner sans réellement s’interrompre jusqu’à la fin des 2h de film. On y vivra des scènes souvent dures qui nous immergent complètement dans ce théâtre de l’horreur qu’était l’Amérique du 19ème.

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Nulle révélation ne sera faite ici comme à l’accoutumée, mais sachez que la descente aux enfers du héros va être longue et douloureuse. Des acteurs bien connus vont lui faire face, à l’instar de Michael Fassbender (X-Men, Prometheus, Inglorious Basterds), Benedict Cumberbatch (la série Sherlock, Star Trek) ou encore Brad Pitt.

Tantôt bienveillants mais souvent violents et injurieux, ils n’auront de cesse de tourmenter non seulement Solomon, mais les autres nègres avec lui. Parfois en ramassant le coton, d’autres en coupant des cannes à sucre, les brimades seront nombreuses et comme Madame vous détournerez peut-être le regard parfois tant certaines passages sont … sanglants de réalisme.

La quête de la liberté va être dure, car elle passe par la reconnaissance de la part de ses geôliers de sa condition d’homme libre. Mais cette information ne doit pas être révélée à la légère, car un noir instruit sur une plantation est un acte impardonnable qui sera sévèrement punit, le fouet aidant.

Les occasions de divulguer l’information, ou même de s’enfuir, vont se multiplier, mais on ressent nous-mêmes spectateurs la peur qui peut animer le héros tant les conséquences seraient graves, à commencer par la flamme qui l’habite, le rêve quasi inaccessible de revoir sa famille qu’on lui a arraché.

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On assistera parfois à quelques rares longueurs qui, même si elles participent à l’immersion dans la solitude du personnage, gagneraient parfois à être raccourcies. On saluera toutefois ce procédé qui participe à l’empathie que l’on développe petit à petit pour le personnage et qui fait émerger en nous une question soulevée vers la fin du film : et si cela nous arrivait ?

Et oui, et si les rapports de force étaient inversés ? Et si nous devenions les esclaves de ceux que l’on traite comme tels, du fait d’une loi écrite par un groupe d’hommes en haut lieu ? Cette réflexion est pour moi au cœur du récit, tout comme la stupéfaction de savoir que le procédé était naturel pour l’époque et que tous étaient finalement complices, à différents niveaux, s’y complaisant ou non.

Sacrifices, abandons, on passe par pas mal de sentiments en regardant ce récit tiré d’une histoire vraie. Réflexions et compassion nous accompagnent aussi et on se surprend à vouloir agir soi-même pour aider Solomon, à bousculer l’ordre établit en accélérant l’histoire vers la guerre de Sécession. Un film qui marquera donc, comme une piqûre de rappel d’un passé qui nous est tous commun, afin que jamais cela ne se reproduise.

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1 commentaire

  • Répondre jo3jeans

    Je l’ai vu et j’ai enfin appris que l’Amérique de l’époque était divisée entre une Amérique dans laquelle les noirs avaient des droits et une Amérique où ils n’étaient pas considérés comme des humains. Cela m’a permis de comprendre une part incompréhensible pour moi de l’histoire américaine.
    Bon film, bons acteurs, on ne transforme pas Solomon en super héro et ça j’aime parce que la plupart du temps il est plutôt pathétique le pauvre.

    26 février 2014 at 8 h 29 min
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